Bhrama granthi

le nœud de l’animalité (suite à l’article sur les 3 granthi)

Chacun être humain fonctionne selon des prés établis, des règles inhérentes à la nature.
Le jeu de l’individu s’articule donc entre l’individu lui-même et l’espèce.
C’est dans cette articulation que l’être humain pourra trouver une compréhension des fonctionnements des 3 granthi ( noeuds de l’espèce humaine).
Les granthi fonctionnent soit sur un plan prédéterminé, ce qui est le cas pour la grande majorité de l’humanité, soit à travers un cheminement spirituel, qui doit pouvoir débloquer et inverser l’autre aspect du nœud : le divin en soi.

Quelques soit la forme, chaque être humain est travaillé par les contenus de ces trois granthi.
Le nœud du cœur, espace de rencontre avec la personnalité, sera le refuge de la réactivité, des émotions, des attachements etc.
Le nœud du front (Rudra granthi) et le nœud de la base (Bhrama granthi), réceptacles d’enjeux spirituels et corporels puissants, sont révélateurs d’enseignements intimes liés à l’équilibre et à l’harmonie personnelle.
Les pratiques sur les granthi sont donc conséquentes d’implications entre les trois corps et l’homéostasie personnelle.
Selon les enseignements traditionnels, ces rencontres intimes mettent en proximité avec les tendances cachées ou voilées qui gèrent ces trois nœuds, offrant une opportunité d’évolution et de compréhension des fonctionnements de l’être humain.
Au niveau de l’espèce, la nature programme ces 3 portes, ces passages, de façon à limiter l’individu dans sa recherche d’émancipation … de liberté. L’être humain doit s’inscrire dans un projet défini par la société dans laquelle il évolue. Il consomme, se reproduit puis meurt.

Toutefois au cœur des granthi se trouve un mystère.
Comment transformer son rapport à l’animalité (point commun de l’espèce), à l’égo (la personnalité) ainsi qu’à l’intellect sans pour autant en faire le
dénie ? Comment s’ouvrir à d’autres modalités de vie, à d’autres états de conscience ?
Le premier nœud, Bhrama granthi (nœud de l’animalité) symbolise l’énergie de la création.
Dans cet espace l’individu puise ce qu’il est : sa façon d’être, d’exister et toutes ses énergies vitales, qui seront réinterprétées dans le centre du cœur.
Dans les voix tantriques, les granthi sont visualisés selon les indications des enseignements traditionnels. C’est un élément important, symbolique, vibratoire, sensé mettre en proximité avec ce plan énergétique.
Le nœud de la base, concerne l’animal, le mammifère, le point commun de l’espèce humaine. En relation avec la consommation et les énergies sexuelles, ce nœud est associé aux énergies du corps en correspondance avec la vitalité, la santé, les doutes, les envies, les peurs, les réactivités, la notion de vie et de mort, les conditionnements ...

Le granthi de la base, source de toutes les énergies, est fondamental. C’est le lieu de l’inconscience et du sommeil, de Maya et de Lila (illusion et jeu divin).
Programmé pour fonctionner dans l’intérêt de l’espèce il assure les fonctions de reproduction, de sexualité, de santé ainsi que la consommation au service de l’espèce.

Dans des circonstances favorables, certains liens de ce nœud peuvent se défaire et permettre une vie plus légère, en meilleure connaissance de soi et une meilleure capacité de gestion des énergies vitales, reproductrices, sexuelles ainsi que de celles de la consommation
Dans le cadre d’une démarche spirituelle quand le processus s’inverse, l’ensemble des énergies de ce granthi vont œuvrer dans une direction spirituelle et artistique. Elles conduisent à un état de recul, et de détachement par rapport à la consommation, à la matérialité, à l’animalité.
Les fonctionnements de ce granthi ne seront plus exclusivement tournés vers une simple recherche de bien être, de plaisir et de jouissance programmée pour la satisfaction de la consommation au service de l’espèce.
Quand l’alchimie opère, elle éveille des vibrations en rapport avec « rasa » la saveur spirituelle, une saveur pure, sans support : un état.
Il s’agit d’un état méditatif spontané, une plongée dans l’instant et la saveur de la conscience d’être.
Cet état correspond à une montée d’énergie qui permet de goûter le plaisir et le désir sans objet consommable, libérant l’être humain d’un des attachements les plus important de son espèce : la recherche de la consommation de plaisirs triviaux. (consommation qui maintient chacun dans un état de dépendance à l’extérieur et qui prend pour chaque individu des formes différentes…)

Le jeu sera d’installer de façon permanente et indépendante cette qualité vibratoire de la saveur.
L’alchimie de Bhrama granthi, conduit à l’état de bonheur, un arrière plan immuable dans l’intériorité, sans besoin de consommation.
Le Nâtha yoga propose un ensemble de pratiques visant à libérer des conditionnements physiques, hormonaux, culturels, sociaux etc … qui sont souvent la source de nos misères, de nos souffrances et de nôtre incapacité de rester libre.
L’individu devient un être humain de l’espèce ayant éveillé sa part de divin : ses énergies tournées vers la conscience.

La recherche sera de passer d’un état énergétique et mental asservi à un état libre.
Brouiller les cartes de nos héritages, de nos souvenirs pour se connaître en pleine conscience et indépendance.
Le granthi de la base situé dans le muladhara chakra et dans le svayambhu, représente la porte des secrets. Le karma inscrit dans ce nœud, s’émancipe ensuite et se diffuse dans l’être en conditionnant la vie de l’individu.
Dans ce nœud le souffle grossier est fusionnel avec l’énergie du karma.
On comprend aisément les enjeux des pratiques de prânâyâma : le passage du souffle grossier au souffle subtil …